Voici reproduit tel quel un extrait des carnets du Dr Schlassenstrasse. Cas typique, en recrudescence : l'otaku.
Lors d'une séance, j'ai eu le réflexe d'enregistrer la logorrhée désespérée d'un jeune homme venu au Japon par passion pour les dessins animés et autres manga. Singulier récit, que je n'ai pas voulu interrompre. Je l'avais déclanché par un simple : "Mon cher, veuillez articuler votre demande, afin que je puisse ne pas y répondre" et le voilà qui se paie une incontenable tranche de verbe. Malheureusement sans effet sur ses symptômes. En voici une retranscription, jugée importante d'un point de vue clinique (sociologique aussi, certainement, car ce cas deviendra sans doute un emblème), fournissant un triste exemple de sémiotisation du symbolique, liée à un étiolement des points de capiton du noeud R-S-I tentant de compenser par les moyens du bord l'atteinte à l'idéal giratoire du moi. Note : penser à en informer les collègues de la revue. (souligné 2 fois)
"Ma dope, c'est l'animé, bien gaga j'en suis, j'm'en nourris l'baba pour pas manger l'dasein aux glaviots raides. Explications. Tout p'tit déjà l'animé était là, Récré A2, je m'y récréais, ca m'recréait, comme ça à l'école le bourrage de ciboul' glissait mieux sur moi. Albator le pirate m'parlait plus qu' l'Alastor de Shelley : j'en baffrais et je zappais. Sur TF1, vint le Club Dorothee ; d'la purée pour dératés futurs ratés. Grandioses programmes : la candide Candy pour s'attendrir la schize et émousser l'analyse, Goldorak plus fort que Blek le rock, Ken Ken survivant de l'enfer, croise le fer, chaos des esprits, fous et bandits. Les chevaliers du Zodiaque, vindicatifs comme des cosaques, guerriers pas foutraques mais qui m'foutaient une sacrée trique ; Saori Dame Ordonnatrice, Interdite comme la Mère d'ou envie d'lui Blaster à la Bite les Varices Vulvaires. Et via les boules du dragon Z, quête initiatique mastoque, le p'tit singe devient grand et chie dru dans l'priapique, ici c'est sport et culture du report, pas pirouette de porc jouisseur. L'enfance donc galvanisée par la fiction infantile venue du Japon, il en faut pas plus pour avoir envie d'se téleporter l'anus dans l'archipel qui articule la dictée du fantasme en toc. Alors licence en poche, j'sors de mon bled, Saint-Dizier : usines en friches, immeubles en quiches, glace Miko et soirées Johnny au Moloko - cime tripes à l'air du pas glamour prolétaire. Japon Japon autre précarité mais connectée streaming immédiat au rêve de manga, d'ou adhésion intime et dressage de poils. Fermant claquet de force à réticences ballonnées de bon sens des parents. Visa vacances-travail, bel oxymore, qui sonne comme goulag convivial, mais je signe : un an sur l'sol nippon à buller bellâtre français dans l'décor des bédés adulées et des animés matés jusqu'à l'OD ! Akihabara, Nakano : ravissement d'l'otaku, grâce euthanasiant l'rot du souvnir francais d'la jeunesse au pire. DVD, model kit, manga et maid café : le blé s'fait la malle alors j'bosse au noir dans un bar. Nova est DCD donc plus d'cours de français pour les gaijin pas spécialisés. A l'immigration y kiffent pas mon matricule, la rombière me parle de sonde anale si j'continue à tortiller dans l'pas légal pour grailler nouilles instantanées. Dur. Bout d'gras d'moi écartelé entre les répressentations bando-leurrantes et l'massicoté rude du vécu ! J'commence à capter qu'on est pas dans un manga d'Katsura ; pas non plus de ptite pépée en 2D qui m'sourira sans m'mépriser... et r'fuser de m'présenter à paternel poutrelle en cul qui veut gendre du cru, au porte-feuille bien lesté; bossant à en crever dans boîte mondialisée. Résultat : j'vis comme un rat hagard, un hybride de putois aspergé d'Kubota, à croupir en kroumir dans mon bar de radasses au rabais.
Que faire à part bad-triper halluciné sous les néons frénétiques et les écrans surplombant l'quartier d'mon clapier ? Protester en m'scarifiant l'visage ou m'flageller l'pourtour d'vant la rouge tour ? Affaire à suivre - si possible pas en pyjama bleu à Sakurajosui ou à l'HP d'Narcy, à mimer d'la Bovary japonisée."
Lors d'une séance, j'ai eu le réflexe d'enregistrer la logorrhée désespérée d'un jeune homme venu au Japon par passion pour les dessins animés et autres manga. Singulier récit, que je n'ai pas voulu interrompre. Je l'avais déclanché par un simple : "Mon cher, veuillez articuler votre demande, afin que je puisse ne pas y répondre" et le voilà qui se paie une incontenable tranche de verbe. Malheureusement sans effet sur ses symptômes. En voici une retranscription, jugée importante d'un point de vue clinique (sociologique aussi, certainement, car ce cas deviendra sans doute un emblème), fournissant un triste exemple de sémiotisation du symbolique, liée à un étiolement des points de capiton du noeud R-S-I tentant de compenser par les moyens du bord l'atteinte à l'idéal giratoire du moi. Note : penser à en informer les collègues de la revue. (souligné 2 fois)
"Ma dope, c'est l'animé, bien gaga j'en suis, j'm'en nourris l'baba pour pas manger l'dasein aux glaviots raides. Explications. Tout p'tit déjà l'animé était là, Récré A2, je m'y récréais, ca m'recréait, comme ça à l'école le bourrage de ciboul' glissait mieux sur moi. Albator le pirate m'parlait plus qu' l'Alastor de Shelley : j'en baffrais et je zappais. Sur TF1, vint le Club Dorothee ; d'la purée pour dératés futurs ratés. Grandioses programmes : la candide Candy pour s'attendrir la schize et émousser l'analyse, Goldorak plus fort que Blek le rock, Ken Ken survivant de l'enfer, croise le fer, chaos des esprits, fous et bandits. Les chevaliers du Zodiaque, vindicatifs comme des cosaques, guerriers pas foutraques mais qui m'foutaient une sacrée trique ; Saori Dame Ordonnatrice, Interdite comme la Mère d'ou envie d'lui Blaster à la Bite les Varices Vulvaires. Et via les boules du dragon Z, quête initiatique mastoque, le p'tit singe devient grand et chie dru dans l'priapique, ici c'est sport et culture du report, pas pirouette de porc jouisseur. L'enfance donc galvanisée par la fiction infantile venue du Japon, il en faut pas plus pour avoir envie d'se téleporter l'anus dans l'archipel qui articule la dictée du fantasme en toc. Alors licence en poche, j'sors de mon bled, Saint-Dizier : usines en friches, immeubles en quiches, glace Miko et soirées Johnny au Moloko - cime tripes à l'air du pas glamour prolétaire. Japon Japon autre précarité mais connectée streaming immédiat au rêve de manga, d'ou adhésion intime et dressage de poils. Fermant claquet de force à réticences ballonnées de bon sens des parents. Visa vacances-travail, bel oxymore, qui sonne comme goulag convivial, mais je signe : un an sur l'sol nippon à buller bellâtre français dans l'décor des bédés adulées et des animés matés jusqu'à l'OD ! Akihabara, Nakano : ravissement d'l'otaku, grâce euthanasiant l'rot du souvnir francais d'la jeunesse au pire. DVD, model kit, manga et maid café : le blé s'fait la malle alors j'bosse au noir dans un bar. Nova est DCD donc plus d'cours de français pour les gaijin pas spécialisés. A l'immigration y kiffent pas mon matricule, la rombière me parle de sonde anale si j'continue à tortiller dans l'pas légal pour grailler nouilles instantanées. Dur. Bout d'gras d'moi écartelé entre les répressentations bando-leurrantes et l'massicoté rude du vécu ! J'commence à capter qu'on est pas dans un manga d'Katsura ; pas non plus de ptite pépée en 2D qui m'sourira sans m'mépriser... et r'fuser de m'présenter à paternel poutrelle en cul qui veut gendre du cru, au porte-feuille bien lesté; bossant à en crever dans boîte mondialisée. Résultat : j'vis comme un rat hagard, un hybride de putois aspergé d'Kubota, à croupir en kroumir dans mon bar de radasses au rabais.
Que faire à part bad-triper halluciné sous les néons frénétiques et les écrans surplombant l'quartier d'mon clapier ? Protester en m'scarifiant l'visage ou m'flageller l'pourtour d'vant la rouge tour ? Affaire à suivre - si possible pas en pyjama bleu à Sakurajosui ou à l'HP d'Narcy, à mimer d'la Bovary japonisée."
Pour son bien, son anticipation s'est realisée ; il est actuellement interné et sous traitement (antipsychotiques). Le pauvre se prend pour "Astro le petit robot" et s'enduit le corps d'alumium pour "aller dans l'espace" (sic), symbolisation sauvage de son désir de fuite. On le garde encore 2 semaines en observation avant de le rapatrier à St-Dizier aux frais de l'Ambassade. Cette vague historique d'immigration française au Japon produira-t-elle de semblables cas cliniques ? Pas à exclure. "S'attendrir la schize", hein ? Méfiance : le concept freudien de retour du refoulé n'est pas devenu un lieu commun pour rien. Quant à moi, tant pis pour ce marché florissant, il est temps de penser à rentrer dans l'amère ville, la Mère Ville, Roubaix, pour y reprendre mon cabinet.
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de la part de la rédaction de SYNDROME DE TOKYO :
Pour nos chers lecteurs, voici un précieux complément d'enquête audiovisuel selectionné avec à propos par Pierre-Alain Xantrailles. Notons bien le "il souhaite économiser suffisament pour vivre à Tokyo". L'équipe de SYNDROME DE TOKYO n'est pas encore menacée de pénurie de travail...
pour visionner ce reportage, cliquez sur le lien ci-dessous :
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