jeudi 15 mai 2008

Extraits des carnets du Dr. Schlassenstrasse : cas numéro 3, l'expatrié libidineux.



Février 2007.

Je prends de plus en plus l'habitude d'enregister les séances ; il y a là un précieux matériau clinique pour mes futurs successeurs (mon départ se précise, car le syndrome commence aussi à m'atteindre : en témoignent plusieurs rêves, et quelques somatisations étonnantes). Ci-dessous, une retranscription. Je n'y ai apporté aucune modification, si ce n'est quelques onomatopées supprimées (cris du mâle en rut, éructations, hurlements semblables à un croisement entre un chien errant et Léo Ferré).

"Esclave mais pas d'salaire de cave, j'bosse pour une grosse boîte, expat', homoncule - vérue, aujourd'hui j'déambule dans les rues, Takadanobaba, t'as qu'a t'mettre un gros doigt

MERDE CA RECOMMENCE

ça glisse bien pas d'accrocs, pas d'risque de s'dévisser l'frein, rues bien propres, j'enchaîne... check le son, check les putes, check les morues, les putes prudes, ptite voix de pétasse au distributeur de boissons, effet direct dans l'caleçon, vide con, vie de con. J'envoie 120 yens dans la fente, aujourd'hui ambiance fente, fin fond du fion, une boisson, partie gratuite pas pour tout d'suite, là c'est plutot Vitamine Water :

j'entends direct Vit d'Amibe va t'faire, hé merde, Oreille cassée, comme dans Tintin, oseille crachée pour arrêter cette voix dégueulasse qui m'fait dégueuler et bander GRAVE

je mate, y a des écrans géants, les types m' font savoir avec 4 hauts parleurs, soit 4 types, 2 types 2 typettes en jupe oh chier, ca s'la pète, hop y m'font savoir que j'vais m'accorder coller à moi, sourire d'extase, zéro métastases, me malaxer l'méat, adéquat ! si j'achète leurs graals en mousse. J'lache un bifton, 1000 keuss, Sakuraya, miellat, ça coule à raz, sa couille ira, PUTAIN encore ce foutu bug d'oreille, un bifton en moins et j'ai l'appareil photo "espion", taille morpion, totale discrétion...

...je prendrais les sarkozystes dl'ambassade à Hiroo, ambassade, bruit de rot, ambassade, en japonais taishikan [NdS : le patient se met à tracer des signes morphématiques avec une certaine fureur] 大使館, tu rajoutes un trait ca fait 大便館, daibenkan, la maison du grand caca, oui, les tas d'étrons composites, en train d'jouer au tennis sur leur court privé, d' fourrer leur boud' de femme au godmich', et puis j'pourrais aussi m'photographier la bitte et la foutre sur le net, sur le web du net, Ma teub titube sur TuTube, paie ton titre, ça va plaire, ou j'balance sur Mixi, promixité, désirée, refusée, verge ligaturée, miction effectuée ici, sur la voie publique,

UN WOLFF, merde, interdit d'uriner, un keuf, je trace, je rentre à la maison, ligne Seibu Ikebukuro, c'est l'bout qui nique au culot,

je shoote mon zob avec l'espion, je balance le lien internet dans la bitte aux lettres de Mameko, ma voisine, qu'a des putains d'mamelons, qui m'fait mousser le moko, et j'me pignole [NdS : le patient commence ici à se masturber sur mon divan], j'tripote le pod, j'm'astique le stick, le baton de joie, trop d'signaux sexuels ici, ha les putains, ha le rut, pur rut massif, les Japonaises, elles me réduisent, me ramènent à mon statut d'sujet, dans tous les sens ah je me tire sur la tige ah je decharge

A RECULONS A RECULONS

en attendant le seppuku, tranchage de bidoche, auto-fourrage definitif, pénétration à l'arrache, devant l'ambassade d'oeuf rance tiens, ça fera genre polar, genre y a un message mais y en a pas, genre gaijin qui craque sévère, genre complot, c'est la faute à Mitsu, à Mitsuhirato, Lotus Bleu tokyoite à grand renfort de têtes de noeud, sacrée enquête en prévision, ça s'ra ma dernière et seule et unique fourberie dans ma vie d'brave type obéissant, comique de situation, genre j'vais devenir un fictionnaire pour fonctionnaires ! On sublime sa leucorrhée existentielle comme on peut Doc Schlass' ! Vendu va !"

En effet, et je t'ai délesté d'une coquette somme ! T'aurais pu te payer pas mal de putes pour le prix de la cure !
Mais restons sérieux.
Rien que de très classique dans cette séance : sexualisation outrancière du discours, délire de persécution (cette fixation sur l'ambassade !), lapsus auditifs, dyspepsie neuro-végétative, ralentissement idéatoire, paranoïa. Cependant, si les manifestations du limon inconscient de ce triste individu n'ont rien d'original, le déclencheur de cette dérive psychotique n'est autre que l'ancrage socio-géographique, dû à l'expatriation fortement facilitée à notre époque.

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