samedi 9 août 2008

Extraits des carnets du Dr. Schlassenstrasse : cas numéro 4, l'enseignant de Français Langue Etrangère


Un nouveau patient est venu me soumettre la geste de sa chaîne signifiante. Il enseigne la langue française dans une école privée située au centre de Tokyo. Fasciné par le petit livre de Barthes et sa logique fantasmatique, le patient a franchi le pas de la tatamisation effective. J'ai toujours le réflexe d'enregistrer les séances à l'insu de ces tristes sires. Rideau :

"Pour s'empaffer le vit nodal de neurones dans l'FLE, fallait montrer patte blanche : pas avouer l'viandage savoureux dans l'cri gerbeux ou l'concentré d'barrate de fion haineux ! Non. Cravache l'dèg, censure l'mal déglutti et fais passer ton goût pour l'pas net dans les rets du propret pour minettes ! Pas d'cassage de margoulette dans l'hydre en loque de l'hydromel pour cages à miel mais litanies clôturantes. Bondieuseries pédagogiques sans odeur, frottées d'angéliques rumeurs. Chromo est là, pensée s'en va, t'as pas intérêt à contester. Respectabilité assurée du fantassin d'la normation, du M'sieur Prop' adepte du coup d'serpette nommé Grévisse. Couine, crisse en coulisse et tiens-toi bien d'vant l'smegma qui t'servira d'chef... et t'siphonnera la boîte à caca en y greffant d'maigres barres de dinars en fin d'mois. Capito ? Oui : t'avise pas d'frétiller du rabot. Ton p'tit jonc trifouilleur d'évidant, tu t'le carreras bien profond dans l'bourbillon. Touche pas à la hache, craspeque pas l'pédzouille en dynamo d'clé d'sol. Racle l'humus d'la grammaire et enduis-en tes étudiants. Qu'en redemandent en viole de gambas et coliques de cocolithes à la pause. Va pas falloir non plus médire sur la heimat en omelette de primates et sueurs vrillées d'sabir ! Dresse l'image d'un village bobo amélisé. Ca fait vrombir l'moteur décadré d'la coulée d'rêves. Fracasse le voeux d'refléter l'fractal. Parfume le bout d'baguette.

Acquiescement d'où contrat ! J'prends l'pli, petit à petit j'me mets à ramper et j'perfectionne le duplice en sac. Payé chichement pour enseigner rudiments d'français et alimenter l'affabulation. Reusement que j'peux doïgter les jolies poupées bien bustées qui s'innondent le vase via l'rêve kitschos de gringos ! Rare avantage de c'métier d'hybrides de porcs en flamby d'pine. J'en profite - c'est bon d'insérer son lubrique appendice roswellique dans d'inconnues officines à cyprine ! Mais gare à la barre frontale, prof ça use, j'sens l'afflux sanguin qui s'fait la malle du phalle pour aller au crâne, me valsant la crasse des tempes ! Rythme d'travail éreintant qui m'transforme les deux steaks en pastèques, m'file la gerbe panique et me vrille la friture organique ! Un jour d'repos par semaine ! Pas d'congés ! A part 5 jours non payés ! J'deviens alcoolo et j'bois le schnaps au goulot avant le boulot. Le soir c'est bar, côtes de rastron et enquillage de bide : kir au moignon ! Puis putes, quand pas d'étudiantes à fourrer c'est direction bain turc et masseuses de rue, du côté de Shin-Okubo c'est le royaume miséreux d'la Chine au beau cul ! Belle journée-type ! A s'fouler l'aspic, à s'meurtrir le slip ! A s'fêler l'foie et s'dérater la rate dans l'picrate ! Salaud d'Barthes avec son Empire des fentes pour l'exemption des étreintes du sens sans pantalon ! Responsabilité des formes ? J'me suis pété l'dentier contre l'mou mur tokyoite aimé avant même d'y aller !"

Représentatif échantillon de prof de français, espèce qui pullule dans la capitale nippone... Des habitués de mon cabinet pour la plupart. Et comme ce patient, souvent alcooliques et amateurs du corps de leurs étudiantes. Après tout, ils compensent comme ils peuvent la précarité de leur situation et la violence symbolique qu'ils subissent. A noter, cet auto-diagnostic porteur de sens sur l'emprise fantasmatique des discours empoissés d'idéologèmes comme ceux de Barthes. Cette emprise est assurément responsable de nombreuses actualisation du désormais inévitable Syndrome de Tokyo.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je les verrais bien rappés tes textes