Une enquête de Selena Labarre
Grandeur et décadence du roi de la culotte sale
A priori, l'idée était excellente et l'affaire s'annonçait juteuse. Mai 2006, Henri D., 67 ans, ancien comptable au service de Dédé la sardine (entre autres activités plus ou moins lucratives et légales) débarque au Japon avec ce qu'il pense être, à juste titre, "une idée qui vaud des millions". De quoi s'agit-il?
Le concept est simple. Vendre des dessous souillés pour 1000 yens. La cible: des salariés un peu ivres et la fine fleur des pervers tokyoïtes. Dans de discrètes machines encastrées à la devanture de boutiques retirées, on peut venir faire ses emplettes.
Henri M. commence par acheter ces "tirettes" qui en France firent le bonheur de plusieurs générations d'enfants. Il lui suffira ensuite de remplacer judicieusement les joujous contrefaits par d'astucieuses culottes odorantes et colorées . Il s'approvisionne en textile chinois. Puis fait vieillir le produit, et enfin met en vente. Gros succès. Les salary men pintés le soir, se jettent sur les boîtes à Henri. Mais: patatra! L'un d'eux, suspicieux, fait analyser un des strings maculés. La réponse du laboratoire scientifique est sans appel: ce dessous a été porté par un homme. Placé en garde à vue, Henri avoue la supercherie: c'est bien lui qui assurait la main-d'oeuvre. "J'ai voulu aller trop vite, voilà tout...". Le roi de la culotte sale est tombé.
Alors si par aventure vous vous baladez du côté de Ueno, et passez devant l'un de ses campements bâchés de bleu, de grâce, arrêtez-vous devant la cabane de Henri, qui, l'eternel melon sur le chef, vous racontera par le menu ses mésaventures niponnes.
1 commentaire:
Et vous avez des nouvelles de Henri?
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