Se trouvent en présence le nageur et la femelle de requin, sauvée par lui. Ils se regardèrent entre les yeux pendant quelques minutes ; et chacun s’étonna de trouver tant de férocité dans les regards de l’autre. Ils tournent en rond en nageant, ne se perdent pas de vue, et se disent à part soi : « je me suis trompé jusqu’ici ; en voilà un qui est plus méchant.
Les Chants de Maldoror, chant deuxième.
Est-il certain que la sentence qui s’abat sur le triste chef du petit Uchi, « symptôme ordinaire dans la sphère du japonisme aigü franco-français » soit si juste qu’elle semble l’être, à première vue ? Stéréotypes éculés, rengaines pue-de-la-gueule, abattis de théories mille fois ressassées, clichés rances : nous en convenons, c’est le pain quotidien que réserve l’édifiante lecture du Morve-blog d’Uchi qui figure au panthéon des jocrisseries nippophiles. Médiocrité si accablante qu’elle est le signe d’un désespoir attesté par la recherche fébrile et constante par Uchi d’une reconnaissance, d’une validation même infamante marquée du sceau de ceux qui en sont, et qu’il admire et envie (si peu) secrètement.
Alors, de quoi Uchi est-il le nom ?
Uchi, trop naïf agneau, pourquoi es-tu allé frotter ta laine, en plongeant dans les eaux troubles où il sévit, contre le squame rugueux du Dersal ? Nous l’avions crainte, cette manoeuvre suicidaire. Tu as mesestimé cet animal de proie fourbu de croquer les tendres maquereaux qui s’offrent depuis trop longtemps à ses crocs élimés qui n’auront, ceci dit, fait de toi qu’une bouchée.
Toi, Uchi, un symbole ? Ton bourreau a raison sur ce point, mais il se trompe sur la réalité que ce symbole recouvre. Uchi, si symbole tu es, c’est celui de la déréliction de nos provinces française, que l’on ne connaît que trop. C’est qu’on en vient parfois à mourir d’ennui dans ces contrées, et ça, le vieux squale l’a oublié. Uchi, c’est un peu ce vieux cousin d’un roman de Balzac, morfondu nostalgique d’un lointain inatteignable. Alors, il s’y accroche à son Japon. C’est la bouée sans laquelle il sombre dans les bas-fond d’une solitude noire, qui le voit errer les soirs de pleine lune dans cette ville où le seul restaurant japonais est tenu par des chinois moqueurs. Sa faute : avoir cherché à jouer dans la cour des seigneurs. Mal lui en a pris.
C’est alors que naît l’espoir. On en a vu, de ces enfants exclus des jeux de leurs camarades dans les cours d’école, et qui se réfugient dans un coin, l’âme blessée, et qui ruminent, et qui manigancent d’incensées vengeances, qui conçoivent des sévisses terribles à ces meneurs de troupe qui leur ont donné du bâton.
Uchi : patiente, cultive ta plaie, assaisonne-là s’il-te-plaît, éponge ces larmes ou plutôt, non, récolte-les : que tes mains forment la coupe dans laquelle ta bouche viendra s’abreuver à ton propre vinaigre. Songe au flanc lisse du Dersal, tendre au harpon.
Non, tout espoir n’est pas perdu. On veut le croire.
Par contre.
Le symbole du japonisme le plus niais, le vrai roi du poncif, l’as imbattable des « pseudo-généralités pragmatiques », bref, le plus beau specimen de la « Génération Japon » nous vient également de nos provinces, preuve irréfutable de l’excellence des pépinéries IEP même transplantées loin de la rue saint-dominique. Tobby-du-Japon, avatar incertain d’ une sorte de Roger Hanin du « Bon beurre » qu’on aurait poudré hobereau et qui ouvrirait boutique à Kyoto, la voilà la prise à ferrer, oh sûrement pas la plus belle, convenons-en, mais tout de même. Brandissant sa scandaleuse boîte à bento Goldorack (155 euros Taxes Non Comprises) d’un côté, de l’autre, te signant un billet du feu de dieu sur son blog contestataire, l’avisé génie a bien les pieds sur terre et l’on ne doute pas du succès de sa petite entreprise. Ah, les délices du kimono, et la première gorgée de thé, l’énigme d’un kanji et les bouts de culotte entr’aperçus en contrebas de l’escalator (non, ça, trop grossier, Tobby n’aborde pas).
On l’a, notre bon gros pharmacien Homais, pétri de bon sens et qui apprend la finesse en cours du soir, jonglant entre sa calculette, ses opuscules branchouillards et ses petites fiches Que-Sais-Je.
Il est là, le symbole, l’incarnation suprême du renouvellement générationnel de la petite communauté ; il faut aller humer l’arrogance qu’exsude l’expert-nabot ès japonseries, petit maître hollandais de la remarque subtile et le plus souvent plagiée, coïncée entre deux tranches d’auto-promotion (ne jamais perdre le nord, mon fils !)
Cette note est motivée par les commentaires au billet du 7 décembre 2008 sur le Tokyo-blog. Les termes entre guillemets renvoient à ce billet ou à d’autres du même blog.
Les Chants de Maldoror, chant deuxième.
Est-il certain que la sentence qui s’abat sur le triste chef du petit Uchi, « symptôme ordinaire dans la sphère du japonisme aigü franco-français » soit si juste qu’elle semble l’être, à première vue ? Stéréotypes éculés, rengaines pue-de-la-gueule, abattis de théories mille fois ressassées, clichés rances : nous en convenons, c’est le pain quotidien que réserve l’édifiante lecture du Morve-blog d’Uchi qui figure au panthéon des jocrisseries nippophiles. Médiocrité si accablante qu’elle est le signe d’un désespoir attesté par la recherche fébrile et constante par Uchi d’une reconnaissance, d’une validation même infamante marquée du sceau de ceux qui en sont, et qu’il admire et envie (si peu) secrètement.
Alors, de quoi Uchi est-il le nom ?
Uchi, trop naïf agneau, pourquoi es-tu allé frotter ta laine, en plongeant dans les eaux troubles où il sévit, contre le squame rugueux du Dersal ? Nous l’avions crainte, cette manoeuvre suicidaire. Tu as mesestimé cet animal de proie fourbu de croquer les tendres maquereaux qui s’offrent depuis trop longtemps à ses crocs élimés qui n’auront, ceci dit, fait de toi qu’une bouchée.
Toi, Uchi, un symbole ? Ton bourreau a raison sur ce point, mais il se trompe sur la réalité que ce symbole recouvre. Uchi, si symbole tu es, c’est celui de la déréliction de nos provinces française, que l’on ne connaît que trop. C’est qu’on en vient parfois à mourir d’ennui dans ces contrées, et ça, le vieux squale l’a oublié. Uchi, c’est un peu ce vieux cousin d’un roman de Balzac, morfondu nostalgique d’un lointain inatteignable. Alors, il s’y accroche à son Japon. C’est la bouée sans laquelle il sombre dans les bas-fond d’une solitude noire, qui le voit errer les soirs de pleine lune dans cette ville où le seul restaurant japonais est tenu par des chinois moqueurs. Sa faute : avoir cherché à jouer dans la cour des seigneurs. Mal lui en a pris.
C’est alors que naît l’espoir. On en a vu, de ces enfants exclus des jeux de leurs camarades dans les cours d’école, et qui se réfugient dans un coin, l’âme blessée, et qui ruminent, et qui manigancent d’incensées vengeances, qui conçoivent des sévisses terribles à ces meneurs de troupe qui leur ont donné du bâton.
Uchi : patiente, cultive ta plaie, assaisonne-là s’il-te-plaît, éponge ces larmes ou plutôt, non, récolte-les : que tes mains forment la coupe dans laquelle ta bouche viendra s’abreuver à ton propre vinaigre. Songe au flanc lisse du Dersal, tendre au harpon.
Non, tout espoir n’est pas perdu. On veut le croire.
Par contre.
Le symbole du japonisme le plus niais, le vrai roi du poncif, l’as imbattable des « pseudo-généralités pragmatiques », bref, le plus beau specimen de la « Génération Japon » nous vient également de nos provinces, preuve irréfutable de l’excellence des pépinéries IEP même transplantées loin de la rue saint-dominique. Tobby-du-Japon, avatar incertain d’ une sorte de Roger Hanin du « Bon beurre » qu’on aurait poudré hobereau et qui ouvrirait boutique à Kyoto, la voilà la prise à ferrer, oh sûrement pas la plus belle, convenons-en, mais tout de même. Brandissant sa scandaleuse boîte à bento Goldorack (155 euros Taxes Non Comprises) d’un côté, de l’autre, te signant un billet du feu de dieu sur son blog contestataire, l’avisé génie a bien les pieds sur terre et l’on ne doute pas du succès de sa petite entreprise. Ah, les délices du kimono, et la première gorgée de thé, l’énigme d’un kanji et les bouts de culotte entr’aperçus en contrebas de l’escalator (non, ça, trop grossier, Tobby n’aborde pas).
On l’a, notre bon gros pharmacien Homais, pétri de bon sens et qui apprend la finesse en cours du soir, jonglant entre sa calculette, ses opuscules branchouillards et ses petites fiches Que-Sais-Je.
Il est là, le symbole, l’incarnation suprême du renouvellement générationnel de la petite communauté ; il faut aller humer l’arrogance qu’exsude l’expert-nabot ès japonseries, petit maître hollandais de la remarque subtile et le plus souvent plagiée, coïncée entre deux tranches d’auto-promotion (ne jamais perdre le nord, mon fils !)
Cette note est motivée par les commentaires au billet du 7 décembre 2008 sur le Tokyo-blog. Les termes entre guillemets renvoient à ce billet ou à d’autres du même blog.
http://tokyo.blog.lemonde.fr/2008/12/07/kagurazaka-magazine/#comments
3 commentaires:
Mmmh...
Ce serait plutot 154.80, pour faire plus japonais.
Tres beaux portraits, touchants et justes
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