vendredi 6 mars 2009

Tokyo, d'Ulrich Sardouin



Tokyo, d'Ulrich Sardouin
éd. LOP 2009
non paginé
21 €


La mégapole japonaise est vue par l’auteur, ou plutôt par une expansion des capteurs de l’auteur jusqu’à l’impersonnalisation d’un ON, à sa pétrification en entité isolée, schizophrénique, à travers des blocs de textes qui ready-merdent tous les énoncés du BIZ' (=variations autour de "si je t'attrape, je t'enc...") et des moyens de les transmettre (équivalence entre les deux), déferlement tel que les ressentis du sujet y prennent peu de place, prélèvement de données qui sidèrent, tournis, vertige, tirage sur la tige - les brèves charges critiques en prennent donc plus de force, par exemple ici :

pour le plus grand bonheur de on & de on
qui comme chacun sait est un cochon
un con
un cornichon

Savourons l'audace de cette poésie qui sait s'annuler dans l'apothéose inverse de la mirlitonade : la révolte passe par l’ironie d’autant plus facilement qu’elle se teinte d’admiration. L'écriture de Sardouin prend ainsi les contours du masque d'un Queneau high-tech.
Les fameux haïkus ne sont pas épargnés par le crépitement moderne ni les preuves d’amour qui s’écrasent dans une carte SIM, ni les PIN qui s'insèrent subrepticement au supermarché.
Cet enchaînement de textes compacts pourrait devenir assez vite fastidieux mais l’envie prend le lecteur de les traiter ou les maltraiter à son tour, c’est possible et jubilatoire.
L’auteur ne néglige pas les valeurs de l’élément visuel, en prenant garde de ne pas sombrer dans une esthétisation qui pourrait aller dans le sens d’une dangereuse exaltation futuriste et conforter ce qu’il dénonce. Entre ces blocs, des lignes de respiration comme des aphorismes (!), parfois flashs de description banale d’un événement médiatique ou bien mise en néon de données plus étranges.
Il y a une dénonciation de la pression commerciale, de l’aliénation et de la jouissance technologique, des injonctions robotisées de la surveillance de chacun par tous mais elle relève d’un constat par accumulations, juxtapositions objectives ; le lecteur est sollicité, interrogé dans ses propres pratiques plutôt que conduit à adopter un mode de refus qui serait symétrique à l’adhésion naïve.
Loin de se vautrer dans la nostalgie de pastorales impossibles ou dans l’utopie des retours à ou dans la recherche de risibles résistances, l’écriture devient ici le moyen de se jouer de l’urbanité. Du lourd de chez lourd, du brut, du millésimé.

En exclusivité, le Syndrome de Tokyo et Léo Scheer vous proposent le téléchargement des dix premières pages :
http://www.leoscheer.com/man/spip.php?page=man&id_article=394

2 commentaires:

elsushi a dit…

vous serez-t-il possible de réactualiser le lien de te la page d'accès des ressources d'Ulrich Sardouin car il semblerait que le lien soit défectueux.Merci d'avance!

elsushi a dit…

Ca remarche, bordel de dieu de gozaimsu, que le cul vous pèle mes poulets,merci bien les clafoutis.love.on the bitch.