dimanche 7 juin 2009

Si ju va bien, c'est Juvénal


Message reçu en commentaire au dernier post :

Vous restez à la surface émotive des choses comme d'habitude. Je ne vous blâme pas pour cela mais disons que vous surfez sur la vague sempiternelle et en boucle de la raillerie sur l'air de "les bourgeois, c'est comme des cochons ...", alors que vous devriez savoir que les bourgeois non seulement se moquent des railleries chantées, mais en plus les apprécient - pour les plus intelligents d'entres eux - car elles forment partiellement écran de protection. Tant qu'ils chantent, ils n'aiguisent pas les armes. Même en restant au niveau de la raillerie, il y aurait tellement à dire de plus en faisant le finaud, par exemple le prix d'entrée - une coïncidence - à peu de choses près équivalent à la somme versée par l'état japonais à chaque individu pour consommer; vous pourriez noter que les manouches dans d'autres circonstances et d'autres lieux seraient non pas invités à la fête mais rejetés hors le domaine. Mais même en relevant ces faits, on resterait toujours dans l'appréhension classique du plus haut que soit en terme de classe social, et ce faisant, vous ne restez qu'au niveau du café du commerce et de sa hargne, y compris l'appel pour qu'autres que vous passent à l'attaque, ce que je trouve déplacé. La solution partielle à ce dilemme gorgé d'affects et d'acide gastrique réside dans la compréhension d'une autre dimension, de la dynamique de ces choses, que je n'aborderai pas ici. Mais pour vous mettre sur la voie du malaise pas injustifié bien sûr que provoque la vue de ce poster hyperchargé de sens et d'affabulation (le canal et sa pente adjacente délirés, c'est _ adire médiatisés comme un petit Paris), pour vous mettre sur la voie d'une compréhension avancée, supérieure même, n'ayons pas peur des mots, de ce phénomène, c'est que nous sommes via cette affiche spectateurs de quelque chose qui ne devrait pas, dans d'autres circonstances et d'autres lieux - être rendu public. Cet affichage est une forme d'indécence derrière laquelle réside une logique. Maintenant, à vous de sortir du canal et penser plus haut que la rengaine pour essayer de comprendre où se trouve le fondamental de cette anomalie, car il y a une anomalie fondamentale dans cette visibilité qui peut avoir lieu ici mais pas dans la mère-patrie. Elle rend implicite par exemple qu'il y a dans ces sphères effectivement de quoi se réjouir de la crise et de ce moment historique présent. J'ai quant à moi la réponse, c'est à dire une réponse "sociologique", pas irréfutable comme en mathématiques, mais un schéma qui colle parfaitement avec les choses qui s'expliquent, et avec l'affect qu'elles provoquent qui trouvent aussi une explication. Je n'en suis pas fière pour autant mais un tout petit peu serein grâce à cette compréhension nouvelle, réponse qui a mis des années à émerger tellement elle échappe aux schémas redondant de penser ces phénomènes là, schémas qui sont transmis à travers les générations et suitent des médias. Si ce que j'écris vous incite à de nouvelles railleries, c'est que vous êtes encore dans l'immaturité. Et non, je n'irai pas au bal non plus ayant fait don de la manne de l'état à plus malheureux que soi. Mais comprendre ne suffit pas. Ce qu'il faut en fait, la gageure, c'est de créer un autre entre-soi que cet entre-soi là qui n'est pas le votre, ni le mien. C'est le plus difficile à réaliser, les conditions portant à aller justement dans le sens opposé qui est la fragmentation, l'atomisation des êtres.

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Voilà un commentaire qui pousse les membres du Syndrome dans leurs derniers retranchements. Ce Monsieur Prudhomme-sociologue qui vient très pudiquement faire la publicité de sa philanthropie nous livre dans le même temps une grande leçon de vie qu'il serait dommage de dédaigner, tant le ton est si peu condescendant, si objectivement dénué de mépris. Ne laissons pas trop pisser le mérinos. Montrons-nous à son égard pédagogues, et que l'on nous pardonne d'avance un didactisme dont l'équipe du Syndrome se fait fort d'être peu coutumière.

Monsieur, vous voudriez nous faire passer pour de peu courageux pousse-au-crime! Inciter les gens à faire intrusion dans la fête en barque (certainement constuite pour l'occasion, tant qu'on y est), contribuer peut-être ainsi à son insuccès dirions-nous pour paraphraser Florence Delay, avouez, grand charrabique, que voilà un immense forfait ! Un très "déplacé" manquement à une morale dont nous savons que vous êtes vous-même un terrible hérault, n'est-ce pas ! Nous avons eu vent de vos courageuses croisades et de la fière traduction que vous en avez donné à votre échelle. Chapeau bas.

Voyez-vous, une chose nous chiffonne, chiffe-molle : vous ne voulez pas voir le parti pris satirique de ce site, soit volonté de votre part de nous faire passer pour de dangereux terroristes doublés d'inconscients plaisantins, soit méconnaissance de ce que c'est, la satire. Nous pencherons pour cette hypothèse : bons princes sommes-nous pas!

Juvénal, Rabelais, Cervantès, Swift, Voltaire, Molière, Mirbeau, et quelques autres (qui nous semblent un peu plus valoir, pardonnez-nous, que ce Stiegler dont vous semblez avoir si mal digéré les concepts) se sont servis de ce "pot-pourri" satirique et de ces armes : caricatures, outrances, dérision, "railleries" - comme vous dîtes dédaigneusement - et cela à des fins de dénonciation, de décapage, de déshabillage des bassesses de ce monde et de ses faux-semblants. Ramener la satire à sa récente et neutralisante actualisation Canal +/Libé est un escamotage.

A notre niveau bien humble, c'est entendu, et sans soutien d'aucune sorte, c'est un peu de cet esprit satirique que nous tentons de faire souffler dans le milieu français du Grand Tokyo. Nous ne prétendons pas changer la donne, mais contester des poses, baisser quelques pantalons pas toujours immaculés. C'est le propre du satiriste voyez-vous, de se contenter de descendre en flammes, ou du moins, de dire que ça ne tourne pas tout à fait rond. Certes, sans proposer de solutions de rechange.

On vous imagine aisément, devant les bravades du genre "CRS SS" en 68, froncer les sourcils devant ce manque de sérieux méthodologique, ces facilités dans l'analogie et les raccourcis historiques... En loupant justement ce que peut la bravade, et ce que ne peut pas le discours académique dont vous vous réclamez, sans toujours parvenir à sa hauteur d'ailleurs (car vos remarques sur les 10 000 yens, Kagurazaka fantasmée en "petit Paris", l'indécence des expats : quels secrets de polichinelle !). A noter, en passant, que cette position de surplomb interprétatif peut elle aussi s'analyser facilement en termes sociologiques (mais pas seulement).
Vous pouvez cracher sur nos partis pris, vous drappant dans la toge de votre supposé savoir transformable en pouvoir. Nous irons quant à nous faire Kafka sur vos bombes.

1 commentaire:

Anonyme a dit…
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