mardi 7 octobre 2008

Extraits des carnets du Docteur Schlassenstrasse




Je me retrouve depuis bientôt un an dans la cour des Miracles du psychisme : l'idiot, le sourd, le borgne, le paralytique, le boiteux, le bossu et le nain, cariatides de leurs sacs plein de tout le Syndrome, se tordent dans les tourments de l'escrime au sauciflard du peloton des parlêtres. Le peloton des Elèves-Cabots Blogueurs-Extatiques, en face, plus difforme encore que son vis-à-vis, crache des imitations de commandements et ses restes d'intelligence hors de ses hydrocéphaliques gueules, sur ses membres estropiés, bandés de courroies anorthopédiques, de chevaux de labour.


Il m'est bien égal que le peuple expatrié périsse dans le salariat et que les larves qui lui servent d'âmes passent du corps des esclaves démoniaques dans celui de pourceaux; mais comme le vieillard barbier parmi les neuf voleurs condamnés à la tête tranchée, je n'ai jamais voulu - et ne veux pas - être compris dans l'ablation des cervelles ni l'enlaidissement des corps.

Je t'ai cependant touchée à vif, ville de Tokyo ; tu as si longuement, si minutieusement, avec tant de raffinement préparé, poursuivi ta vengeance ! Il est enfin clair que j'ai su effectivement te l'infliger, cette blessure, que mon écriture te brûle, puisqu'il est clair que je n'ai échappé que de justesse à la destruction de ces pages grâce auxquelles tout cela est enfin clair, gardé contre ton grand travail d'oubli.

C'est pourquoi je te remercie de t'être si cruellement vengée de moi, ville de Tokyo que je vais quitter dans moins d'un mois, mais dont je demeurerai l'un des princes puisque j'ai réussi, en reconnaissant ma défaite, à exaucer ton désir secret de me voir survivre à cet engloutissement, à cette sorte de mort que tu m'avais réservée, puisque je suis devenu maintenant par ce baptême de ta fureur, invulnérable à la manière des fantômes, puisque j'ai obtenu de toi cette proposition de pacte que j'accepte.

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