J’arrive chez ces gens, humbles propriétaires qui sentent la vieille friture de poulet. Des boîtes s'entassent entre le plafond et les armoires. De dessous le kotatsu où les deux momies s’installent, les odeurs de cuisses frippées et crasseuses qui remontent. Je vois des cafards partout, comme chez Kafka, ce dégueulasse Pragois.
Immanquablement, je me mets à bander. C’est l’éloge de l’ombre.
Ici, on s'habitue aux blattes chaque année, mais pour servir le thé, c'est un cérémonial, pourtant sans Geiko, sans costume, sans folklore. Les gestes de la petite dame japonaise sont parfaits, naturels, mais Papy pendant qu’elle fait le service ne peut s’empêcher de trifouiller dans son costume trois pièces. Il fait froid dans la cambuse, mais la magnifique tasse en terre cuite est réchauffée avec l'eau bouillante, puis le thé servi. Il est juste parfaitement bon. C’est le Japon éternel, en tremblant un peu de froid, que je renifle. Juste quand Papy pète.
Cette subtilité du goût, dans un thé japonais ou un autre aliment, quand on la décèle, on a l'impression d'avoir compris quelques kanjis.
J’en profite pour lui glisser sous l’kimono, à la vioque, un bon gros vieux doïgt de derrière les fagots. La v’là la daronne qui se met à me murmurer des mots pousse-au-crime : Moi Tobby, j’peux vous assurer que ce qui sort de ma boîte à bento c’est un putain de cobra méchamment violacé et qui ne demande qu’à lui déflaquer à Mami sur l'aine.
Texte amicalement détourné de :
lariviereauxcanards.typepad.com/la_riviere_aux_canards/2008/11/lautomne-est-l.html - )
3 commentaires:
cool :D
Décidemment, votre style est plus inspiré du célèbre berjallien que je ne le pensais. Continuez, c'est toujours un bon moment de vous lire.
et j'attend avec plaisir vos commentaires ironiques sur mon dernier article, traitant des couples franco-japonais.
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