Les migrants victimes d'une nouvelle forme de détresse mentale. Des spécialistes de dix-sept pays industrialisés se sont réunis mercredi au Parlement européen de Bruxelles pour discuter du syndrome de Tokyo, nom donné à une nouvelle forme de maladie mentale (en hommage à son découvreur, Gilles Schlassenstrasse) qui touche une partie grandissante des migrants placés en situation extrême, liée à l'exil ou à la clandestinité.
"Nous pensons que nous sommes face à une maladie nouvelle qui est présente dans tous les pays depuis cinq ans environ", a indiqué mercredi le Dr Josefa Bazoregpi, professeur à l'université de Braga et directeur d'un service d'aide psychologique aux immigrés et réfugiés. La maladie fut initialement baptisée syndrome d'Ulysse en référence aux épreuves que le héros de la mythologie grecque rencontra durant son voyage ; elle a depuis été rebaptisée Syndrome de Tokyo, eu égard aux approfondissements théoriques réalisés par le professeur Gilles Schlassenstrasse, dont ce colloque a exposé quelques éléments. Le Syndrome de Tokyo est caractérisé par une dépression profonde qui se singularise toutefois par l'absence d'apathie ou de tendance suicidaire. L'anxiété, l'insomnie, l'irritabilité chez les jeunes ; les maux de tête, la fatigue, la mégalo-mythomanie, la confusion chez les plus âgés sont les autres symptômes de la maladie. Rencontrée dans tous les pays industrialisés, l’origine de ce syndrome s’avère fort complexe, comme l’ont prouvé les travaux du Pr Schlassenstrasse. Ainsi, la solitude et l'isolement du migrant, le sentiment d'échec d'insertion dans la société, la lutte quotidienne pour se nourrir et se loger et la peur provoquée par un voyage long et dangereux ne sauraient constituer des causes suffisantes à expliquer le Syndrome de Tokyo. Ce dernier concerne en effet tout aussi bien des sujets parfaitement intégrés à la société d’adoption, sécurisés socialement mais présentant les symptômes de fragilité sociale et psychique habituels sous une forme mimée.
Voilà ce qu'en disait le Pr Schlassenstrasse :
"La structure perverse du sujet atteint du Syndrome de Tokyo se caractérise par le fait qu'il pense, associe, utilise des comportements de mentalisation. Il s'est sauvé de la psychose et de la psychopathie en construisant lui-même sa loi. Il cherche la justification de la loi dans la raison, et ne l'écoute que dans ce qui l'arrange. Il démontre tout le temps qu'il a raison, et soutient que la loi a une essence rationnelle. Le pervers n'est pas coupable ; il n'est pas sujet à la honte. Le pervers n'est pas aussi instable que le psychopathe mais il ne peut se contenter des bénéfices d'une relation duelle et durable. Il n'est pas auto-suffisant. Son besoin de communauté est constant. Un pervers a eu une hyper stimulation, un bombardement de stimuli qu'il n'avait pas la possibilité de traiter par voie mentale. Il survit à des traumatismes relationnels trop précoces. Le pervers a aussi une confrontation à la loi ainsi qu'une organisation à part qui ressemble à l'état limite. Deux notions importantes chez le pervers : enfant qu'on n'a pas respecté, et composante abandonnique."
Ce colloque a brillamment mis en évidence en quoi les contributions cliniques du Pr Schlassenstrasse s’avèrent tout particulièrement décisives dans la délimitation de ce segment pathogène (pathologie dite de "grégarité prédatrice" ou "névrose agressive-hostile") : à travers une étude de cas (Etude d’un cas de dégénérescence du SDT : « Olivier Debieuvre ou le seppuku de la mante religieuse ») le psychiatre a démontré la dangerosité de cette maladie capable de se draper dans les atours de la plus brillante mondanité.
Serge Renfret
Carlos Flomembaum
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