mercredi 22 juillet 2009

L'art de la pêche.




Le spectacle est surprenant. En hiver et au début du printemps, de nombreux cars quittent les centres-villes et se rendent dans de petits villages de campagne. Souvent, sur le parking, de charmantes dames avec un beau chapeau en forme de pêche les accueillent, sans doute les filles et tantes du mac réquisitionnées pour la pleine saison. Une fois descendu du car, les visiteurs reçoivent dix boîtes de préservatifs puissamment lubrifiés, un slip en peau de gorille et s’enferment pendant 20 à 30 minutes dans des tentes en vinyle. Il s’agit du rituel du métaphorique momogari (桃狩り), ou l’orgie de "pêches", baptisée ainsi grâce à l'évocatrice présentation des pêches dans les supermarchés japonais ainsi qu'aux audaces télévisuelles de la "porn food" (quiconque a déjà regardé une émission de télé japonaise sur la nourriture devrait comprendre).

Les japonais cultivent leur pêche sous slip pendant l’hiver. De nombreuses japonaises considèrent que la pêche est le plus « mignon » des fruits. Le caractère pêche (桃, momo) est d’ailleurs autorisé pour les prénoms, et semble connaître un certain succès : quoi de plus mignon que de nommer Momoko-chan sa petite fille, même si c'est sans doute la prédestiner à un bien vénal destin.
(rien de moins gratuit que cette remarque : Momoko est un prénom/surnom fort répandu chez les kyabajô et nombres de snacks, esute salons etc. s'appellent "Momo").

Toutefois, plutôt qu'à Kabukichô où ils sont très fréquents, les vrais amateurs se rendent dans les momogari à la campagne. On peut en effet privatiser sa section de lupanar, environ 1 mètre par personne, soigneusement délimité par l"huissier aux pêches" (sic). Ce n’est pas bon marché puisqu’il en coûte souvent environ 20 000 yens par personne.

Les fêtards disposent alors de 20 à 30 minutes pour pratiquer un maximum de fesses, en s'épongeant la tige dans ces délicieux fruits. L'auteur de cet article en a fourré une bonne soixantaine de taille respectable. Même avec ce bon appétit, le tarif d’entrée peut sembler important. Mais les pêches proposées sont beaucoup plus joliment duvetées, et sucrées, que celles du commerce urbain, car elles ont muri en plein air, et pas dans les méandres malsains des mégalopoles surpolluées.

Les amateurs de perversions peuvent aussi se rendre au hanamizugari (鼻水狩り, morve à volonté, en hiver), futorugari (フートル狩り, foutre à volonté, nous contacter pour la disponibilité), nikutsubogari (肉壷狩り, vagins à volonté, théoriquement toute l'année), ou maragari (魔羅狩り, pénis à volonté, nous contacter), mais ceux –ci sont plus confidentiels. Les gerogari (ゲロ狩り, vomi à volonté, le dimanche matin avant le premier métro) et les gerigari (下痢狩り, diarrhée à volonté, toute l'année sur de nombreux blogs consacrés au Japon) ont par contre plus de succès. On se prend à rêver qu’avec la crise, et malgré un respect nécessaire de la clandestinité, certains tenanciers de bordel français organiseront des journées « open bordel » dans nos plus beaux quartiers : bourgeoises occasionnelles, forains et professeurs d'université de France feraient des «gari» fabuleux.

Une enquête de Pierre-Alain Xantrailles, en collaboration avec la cellule Cool Biz du Syndrome de Tokyo.
A lire aussi : un article bien documenté et de qualité sur le pendant gustatif du momogari : le ichigogari, sur le blog d'Uchimizu que nous saluons amicalement au passage.

3 commentaires:

Uchimizu a dit…

Bonjour,

voici un article sympaythique dont l'illustration est toutefois un peu décevante par rapport aux textes.

Je suis en tout cas toujours ravi d'avoir la version "hanamizu" des articles de mon blog.

Etourneau a dit…

Oui, en effet, comme le fait remarquer si pertinemment Uchimizu, l'illustration est bien décevante. Enfin, cela ira tout de même pour un étourneau...

Molin a dit…

génie.